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Évaluer la mise en œuvre de la Déclaration politique Wallonie 2019-2024 : premières réflexions et propositions

dimanche, septembre 22nd, 2019

La p.6 de la Déclaration de politique Wallonie 2019-2024 annonce la mise en place d’un Haut Conseil Stratégique (HCS) : « Un Haut Conseil Stratégique (HCS), interdisciplinaire et composé d’experts scientifiques indépendants, sera mis en place afin d’accompagner le Gouvernement dans la réalisation de ses objectifs fondamentaux :

– La réduction de 55% des GES à l’horizon 2030 par rapport à 1990 ;
– L’amélioration du taux d’emploi de 5% à l’horizon 2025 ;
– La réduction du taux de pauvreté.Le Haut Conseil élaborera des indicateurs permettant d’examiner la réduction des gaz à effet de serre, l’amélioration du taux d’emploi et la réduction de la pauvreté. »

Dans cette perspective, cette nouvelle analyse de l’Institut pour un Développement Durable propose une série de réflexions et propositions. Elle le fait pour cinq dimensions de la Déclaration de politique Wallonie : les émissions de gaz à effet de serre (GES), le taux d’emploi des 20-64 ans, le taux de pauvreté, les 3 objectifs principaux évoqués ci-dessus ; ont été ajoutées deux dimensions, le parc de logements publics et les besoins en soutiens aux personnes âgées, tant ces deux politiques sont liées aux ambitions climatiques et sociales.

Cette note est plus qu’une note de travail mais n’est pas non plus un document « définitif ».

En effet il reste beaucoup de travail à faire, tant dans la définition plus précise des objectifs que dans le choix des indicateurs et de leurs spécifications techniques.

Mais quelques grandes conclusions apparaissent dès maintenant : certains objectifs doivent être (mieux) définis, il faut accélérer la production et la mise à disposition des données statistiques, il faut aussi diversifier les sources, combiner des données administratives et des résultats d’enquêtes et, pour certaines politiques, élaborer des indicateurs « précurseurs ».

Les réflexions et propositions de l’Institut pour un Développement Durable – contenues dans la note jointe – se veulent un premier apport à un débat qui s’annonce passionnant ; il le sera d’autant plus qu’il sera ouvert en associant tous les acteurs concernés, y compris l’opposition.

 

Le bonheur des Belges – Het geluk van de Belgen

dimanche, septembre 15th, 2019

(tekst in het nederlands hieronder)

LE BONHEUR DES BELGES

Introduction

« Dans l’ensemble, dans quelle mesure êtes-vous satisfait de votre vie actuelle ? »
« Tout bien considéré, dans quelle mesure diriez-vous que vous êtes heureux ? »

Voici les scores moyens des réponses des Belges à ces deux questions, scores détaillés par genre.

Mais la présente analyse de l’Institut pour un Développement Durable propose bien d’autres résultats quant au bien-être des Belges. En voici l’essentiel.

Le bonheur des Belges : quelques indicateurs essentiels

Le niveau moyen de satisfaction ou de bonheur varie en fonction de diverses caractéristiques des individus au sein d’un pays donné. C’est ainsi que :

  • les niveaux de satisfaction de vie et de bonheur baissent à partir de l’entrée dans la vie active pour remonter à l’âge de la retraite ; la satisfaction et le bonheur en particulier se tassent cependant chez les plus âgés (75 ans et plus) ;
  • les niveaux de satisfaction et de bonheur augmentent avec les revenus
  • les personnes qui vivent seules sont moins satisfaites et moins heureuses que les personnes vivant à plusieurs ; les personnes vivant dans de très grands ménages (5 personnes ou plus) semblent particulièrement heureuses ;
  • les scores de satisfaction de vie et de bonheur en Wallonie sont inférieurs à ceux de la Flandre ; les différences entre la Wallonie et Bruxelles sont faibles.

Le bonheur des Belges : des mises en perspective

Les études sur le bien-être essayent de mettre en valeur des « déterminants » du niveau de satisfaction de vie ou de bonheur. Voici quelques mises en perspective : Ont tendance à être plus satisfaites de la vie et plus heureuses les personnes

  • qui font plutôt confiance aux autres
  • qui estiment que la plupart des gens essaient de rester corrects plutôt que d’en profiter
  • qui estiment que les gens (les autres) essaient d’être utiles plutôt que de se préoccuper (le plus souvent) d’eux-mêmes
  • qui ont – en dehors du travail – beaucoup de contacts sociaux
  • qui estiment participer à beaucoup d’activités sociales comparativement à des personnes du même âge
  • qui estiment être en bonne santé
  • qui se déclarent être de droite plus que celles qui se déclarent de gauche
  • qui font confiance aux hommes et femmes politiques
  • qui ont confiance en la justice
  • qui estiment que la démocratie en Belgique fonctionne plutôt bien.
  • qui estiment bon l’état des services de santé en Belgique
  • qui estiment que leur revenu actuel leur permet de « bien » vivre.

Attention : en matière de satisfaction de vie et de bonheur il est difficile d’établir des causalités, les influences éventuelles pouvant être bi-directionnelles. Illustrations : est-on satisfait/heureux parce qu’on fait confiance aux autres ou a-t-on tendance à faire confiance aux autres parce qu’on est satisfait/heureux ? ; est-on satisfait/heureux parce qu’on a beaucoup d’activités sociales ou a-t-on beaucoup d’activités sociales parce qu’on est satisfait/heureux ? ; être satisfait ou heureux ne conduit-il pas à plus facilement estimer que son revenu est « confortable » tout comme on peut supposer qu’un revenu jugé « confortable » influence positivement la satisfaction de vie et le bonheur ?

Le bonheur des Belges : la dimension régionale

Les niveaux de satisfaction de vie et de bonheur moyens sont en Wallonie significativement inférieurs à ceux observés en Flandre. Voici observations à cet égard :

  • Les wallons sont moins enclins que les flamands et les bruxellois à faire confiance aux autres.
  • Les flamands pensent plus que les wallons et les bruxellois que des gens essaient de rester corrects plutôt que d’en profiter ; ils sont également plus tentés de penser que les gens cherchent à être utiles plutôt que de (seulement) se préoccuper d’eux-mêmes.
  • En matière d’intensité des relations sociales et des activités sociales, il n’y a pas vraiment de différences entre les régions.
  • Pour ce qui est de la santé subjective, pas de différence entre les flamands et les wallons tandis que les bruxellois s’estiment en moyenne un peu plus en bonne santé.
  • Sans surprise, les wallons sont en moyenne plus à gauche que les flamands mais un tout petit moins que les bruxellois.
  • Les wallons ont tendance à faire moins confiance que les bruxellois et les flamands dans les politiciens et dans la justice.
  • Les wallons sont moins satisfaits que les flamands et que les bruxellois en la démocratie et en le système de santé.
  • Enfin, les wallons et les bruxellois jugent leurs revenus en moyens plus insuffisants que les flamands.

*                 *                  *

Soulignons pour conclure la valeur ajoutée de cette étude par rapport à d’autres qui traitent également du bien-être :

  1. Un échantillon d’excellente qualité.
  2. Un échantillon de près de 6.000 répondants.
  3. Une approche conjointe des indicateurs « satisfaction de vie » et « bonheur »
  4. Un approfondissement de la dimension régionale.

*                 *                  *

Le lecteur intéressé trouvera plus d’informations dans la note de synthèse jointe. Une note plus complète – avec les références et plus d’informations quantitatives – est également disponible.

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HET GELUK VAN DE BELGEN

Inleiding

« Alles bij elkaar genomen, hoe tevreden bent u vandaag de dag met uw leven over het algemeen? »
« Alles bij elkaar genomen, hoe gelukkig zou u zeggen dat u bent? »

Hier zijn de gemiddelde scores van de antwoorden van de Belgen op deze twee vragen, gedetailleerd per geslacht.

Maar deze analyse van het Instituut voor Duurzame Ontwikkeling biedt nog vele andere resultaten over het welzijn van de Belgen. Hier is het grootste deel ervan.

Het geluk van de Belgen: een aantal essentiële indicatoren

Het gemiddelde niveau van tevredenheid of geluk varieert naar gelang van de verschillende kenmerken van individuen in een bepaald land. Dat is hoe:

  • de tevredenheid en het geluk in het leven nemen af vanaf het moment dat mensen de arbeidsmarkt betreden tot aan de pensioengerechtigde leeftijd; met name de tevredenheid en het geluk nemen echter af bij ouderen (75 jaar en ouder);
  • de tevredenheid en het geluk nemen toe met het inkomen
  • alleenstaanden zijn minder tevreden en minder gelukkig dan mensen die samenwonen; mensen die in zeer grote huishoudens (5 of meer mensen) wonen, lijken bijzonder gelukkig;
  • de levenstevredenheid en geluksscores in Wallonië zijn lager dan in Vlaanderen; de verschillen tussen Wallonië en Brussel zijn klein.

Het geluk van de Belgen: enkele « determinanten »

Welzijnsstudies proberen de « determinanten » van de mate van levenstevredenheid of geluk te benadrukken. Hier zijn enkele perspectieven: neigen naar meer tevredenheid over het leven en gelukkiger mensen

  • die liever anderen vertrouwen
  • die geloven dat de meeste mensen proberen correct te blijven in plaats van er gebruik van te maken
  • die menen dat mensen (de anderen) nuttiger zijn dan (meestal) bezorgd om zichzelf
  • die – buiten het werk – veel sociale contacten hebben
  • die het gevoel hebben dat ze deelnemen aan veel sociale activiteiten in vergelijking met mensen van dezelfde leeftijd
  • die geloven dat ze in goede gezondheid verkeren
  • die beweren meer rechts te zijn dan degenen die beweren links te zijn
  • die vertrouwen hebben in politici
  • die vertrouwen hebben in het rechtssysteem?
  • die geloven dat de democratie in België vrij goed werkt
  • die de toestand van de gezondheidsdiensten in België als goed beschouwen
  • die het gevoel hebben dat hun huidige inkomen « confortabel » zijn.

Let op: in termen van levenstevredenheid en geluk is het moeilijk om causaliteiten vast te stellen, aangezien mogelijke invloeden tweerichtingsverkeer kunnen zijn. Illustraties: zijn we tevreden/gelukkig omdat we anderen vertrouwen of hebben we de neiging om anderen te vertrouwen omdat we tevreden/gelukkig zijn; zijn we tevreden omdat we veel sociale activiteiten hebben of hebben we veel sociale activiteiten omdat we tevreden/gelukkig zijn; maakt het niet tevreden of gelukkig zijn het makkelijker om in te schatten dat ons inkomen « comfortabel » is, net zoals we kunnen veronderstellen dat een inkomen dat als « comfortabel » wordt beschouwd een positieve invloed heeft op de levenstevredenheid en het geluk?

Het geluk van de Belgen: de gewestelijke dimensie

De gemiddelde niveaus van levenstevredenheid en geluk zijn in Wallonië beduidend lager dan in Vlaanderen. Hier zijn enkele opmerkingen in dit verband:

  • Walen zijn minder geneigd dan Vlamingen en Brussel om anderen te vertrouwen.
  • Vlamingen denken meer dan Walen en Brussel dat mensen proberen correct te blijven in plaats van er gebruik van te maken; ze zijn ook meer geneigd te denken dat mensen proberen nuttig te zijn in plaats van (meestal) voor zichzelf te zorgen.
  • Wat de intensiteit van de sociale betrekkingen en sociale activiteiten betreft, zijn er geen echte verschillen tussen de regio’s.
  • Wat de subjectieve gezondheid betreft, is er geen verschil tussen Vlamingen en Walen, terwijl de Brusselaars zichzelf gemiddeld iets gezonder vinden.
  • De Walen zijn dan ook gemiddeld meer links dan de Vlamingen, maar iets minder dan de Brusselaars.
  • Walen hebben over het algemeen minder vertrouwen in politici en het rechtsysteem dan Brusselaars en Vlamingen.
  • Walen zijn minder tevreden dan Vlamingen en Brusselaars over de democratie en de gezondheidszorg dan Vlamingen en Brusselaars.
  • Tot slot vinden de Walen en Brusselaars hun inkomsten minder confortabel dan die van Vlaanderen.

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Tot slot is het vermeldenswaard dat deze studie een toegevoegde waarde heeft ten opzichte van andere studies die ook betrekking hebben op welzijn:

  1. Een steekproefvan uitstekende kwaliteit.
  2. Een steekproef van bijna 6.000 respondenten.
  3. Een gezamenlijke aanpak van de indicatoren « levenstevredenheid » en « geluk ».
  4. Een verdieping van de regionale dimensie.

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De geïnteresseerde lezer vindt meer informatie in de toegevoegde samenvatting. Een meer volledige nota – met referenties en meer kwantitatieve informatie – is ook beschikbaar.

Taux d’emploi des 20-64 ans et emplois temporaires : une analyse critique des données

lundi, juillet 1st, 2019

Trois conclusions essentielles :

  1. Le taux d’emploi des 20-64 ans mesuré par les données administratives est, au niveau national et en Flandre et en Wallonie, supérieur à celui estimé par l’Enquête sur les forces de travail. A Bruxelles il est inférieur.
  2. Mesurer le taux d’emploi des 20-64 ans par les données administratives aboutit à des évolutions plus robustes, reflétant mieux la réalité, que celles données par l’Enquête sur les forces de travail.
  3. L’augmentation des contrats étudiants et des contrats liés à des démarches formatives (stages, alternance, apprentissage et autres formations) explique à elle seule près de 45% de l’évolution des emplois précaires entre 2014 et 2018 et plus de 60% pour les 15-29 ans.

La consolidation, pour 2018, des deux principales sources statistiques en matière d’emploi (l’Enquête sur les forces de travail et la Comptabilité nationale) permet de revenir en profondeur sur deux indicateurs beaucoup discutés ces derniers temps : le taux d’emploi et l’emploi précaire.

Trouver des explications dans les divergences de niveaux et d’évolutions de l’emploi estimé par ces deux sources n’est pas évident, ne serait-ce que parce que l’Enquête sur les forces de travail a en 2017 modifié ses schémas de collecte des données.

Considérer que ces deux sources sont complémentaires – ce qui est l’attitude consensuelle – me semble un peu court, ne serait-ce que parce que les réponses agrégées aux questions de l’Enquête sur les forces de travail reposent sur des pondérations qui ne correspondent pas à celles découlant des données administratives.

Le taux d’emploi des 20-64 ans

Dans le cadre de la Stratégie EU2020, les pays membres sont supposés augmenter leur taux d’emploi (l’objectif pour la Belgique = 73,2%). L’indicateur retenu est le taux d’emploi des 20-64 ans, calculé sur base de l’Enquête sur les forces de travail ; il s’agit du rapport des personnes ayant un emploi sur l’ensemble de la population de la même catégorie d’âge.

Tenant compte des écarts importants en matière d’emploi global entre les estimations de la Comptabilité nationale et celles de l’Enquête sur les forces de travail, l’IDD a (ré)estimé l’emploi des 20-64 ans à partir des données administratives. Voici le résultat :

Les emplois temporaires

La publication des données suivantes à fait couler beaucoup d’encre, même si de nombreux observateurs ont rappelé qu’il y avait eu d’importants changements méthodologiques à partir de 2017 qui empêchent de tirer des conclusions définitives sur la « forte » augmentation de la précarité, en particulier chez les jeunes travailleurs.

Voici une décomposition de l’évolution de l’emploi précaire pour les années 2014 à 2018.

Conclusions et recommandations

Rappelons d’abord la grande prudence avec laquelle il faut utiliser les informations issues de l’Enquête sur les forces de travail. Et cette grande prudence s’impose donc aux estimations qui utilisent des données issues de l’Enquête sur les forces de travail, y compris les estimations de l’emploi national et régional (celles officielles ou celles de l’IDD présentées dans l’Annexe). Notons que toutes les estimations de l’IDD aussi doivent être appréhendées avec prudence, même si elles semblent plus robustes et plus cohérentes que les données correspondantes fournies par l’Enquête sur les forces de travail.

Avec cette réserve en tête, voici quelques conclusions statistiques

  1. Le taux d’emploi des 20-64 ans mesuré par les données administratives est, au niveau national et en Flandre et en Wallonie, supérieur à celui estimé par l’Enquête sur les forces de travail. A Bruxelles il est inférieur.
  2. Mesurer le taux d’emploi des 20-64 ans par les données administratives aboutit à des évolutions plus robustes, reflétant mieux la réalité, que celles données par l’Enquête sur les forces de travail, évitant ainsi, ce que certains ont déjà fait, de tirer des conclusions trop rapides sur base d’évolutions de court terme des données de l’Enquête sur les forces de travail.
  3. L’augmentation des contrats étudiants et des contrats liés à des démarches formatives (stages, alternance, apprentissage et autres formations) explique à elle seule près de 45% de l’évolution des emplois précaires entre 2014 et 2018 (telle que mesurée par l’Enquête sur les forces de travail).
  4. Enfin, des éléments dont on dispose émerge assez facilement l’hypothèse que les adaptations méthodologiques de l’Enquête sur les forces de travail à partir de 2017 ont conduit à « mettre à niveau » l’importance des emplois précaires plus que de refléter une augmentation forte de ceux-ci. L’emploi précaire aurait donc été sous-estimé dans le passé.

Il faut de l’exercice développé dans cette note tirer des recommandations politiques :

  1. Même si EUROSTAT impose des conventions statistiques et, dans certains cas, l’usage de l’Enquête sur les forces de travail, rien n’empêche la Belgique et les régions d’adopter leurs propres indicateurs, plus pertinents, et d’améliorer les données relatives à l’emploi.
  2. En matière d’emploi (national), il me semble qu’un découpage par âge des estimations macroéconomiques de l’emploi serait bien utile, à la fois pour mieux comprendre ce qui se passe sur le marché du travail, pour mieux calculer le taux d’emploi des 20-64 ans et pour éviter, comme le fait le Bureau fédéral du Plan, de calculer un taux d’emploi global en comparant emploi total (y compris les 65 ans et plus) avec la seule population des 15-64 ans.
  3. De nombreuses données fournies (de manière imparfaite) par l’Enquête sur les forces de travail, comme le type de contrat, le temps de travail, etc., pourraient être collectées sur une base administrative, concentrant dès lors la collecte des données sur des informations qualitatives (les intentions du travailleur, les raisons du temps partiel, etc.). Un parallèle doit être fait avec l’enquête SILC, qui mesure la distribution des revenus, les conditions de vie et le taux de pauvreté ; ici aussi on ne recourt pas (ou pas assez) aux données administratives a priori plus fiables.
  4. Enfin, je pense que dans l’Enquête sur les forces de travail, comme dans l’enquête SILC, il est inacceptable de ne pas tenir compte des personnes vivant dans des ménages collectifs.

Plus d’informations dans la note et l’annexe jointes.

ÉMISSIONS DE GAZ A EFFET DE SERRE ET CROISSANCE ÉCONOMIQUE

vendredi, mars 1st, 2019

(SAMENVATTING IN HET NEDERLANDS HIERONDER)

Au vu de l’actualité des dernières années et de la récente accélération de la prise de conscience, pas besoin de gloser sur le réchauffement climatique et ses conséquences. Les évolutions récentes (notamment l’augmentation tendancielle de la concentration des gaz à effet de serre dans l’atmosphère, qui a dépassé maintenant les 500 ppm en équivalent CO2) et les craintes relatives aux conséquences du réchauffement qui nous attend sont aujourd’hui bien documentées.

Dans ce contexte la dernière analyse de l’IDD a pour objet de rappeler l’ampleur du défi au vu des progrès insuffisants du découplage des émissions de gaz à effet de serre par rapport à la croissance économique.

Le découplage observé à l’échelle mondiale depuis 1970 est spectaculaire. Chaque unité de PIB produit aujourd’hui 60% moins de gaz à effet qu’en 1970.

Mais, comme l’économie mondiale a connu une forte croissance au cours de cette même période – 3,5%/an en moyenne –, le découplage observé est insuffisant pour réduire les émissions de gaz à effet de serre ; au contraire, on constate une augmentation tendancielle des émissions de gaz à effet de serre (X 2 depuis 1970).

Le calcul est certes hasardeux, mais instructif : en supposant que la tendance du découplage observée au cours des dernières années se maintienne, il faudrait limiter la croissance économique mondiale à moins de 2%/an pour d’abord stabiliser les émissions de CO2 liées à la combustion puis amorcer une très lente décrue, fort loin de ce qu’il faudrait pour contenir l’augmentation de la température en-deçà de 1,5°.

On peut supposer que l’augmentation des émissions de CO2 s’explique, en partie, par la stabilité à long terme du pouvoir d’achat énergétique mondial : en effet l’énergie est aujourd’hui aussi bon marché qu’avant le premier choc pétrolier.

Qu’en est-il en Belgique ? La baisse de l’intensité des émissions de gaz à effet de serre par unité de PIB (= découplage) est très importante aussi puisque en recul de 50% entre 1990 et 2017.  Au vu d’un taux de croissance moyen sur la période considérée d’un peu plus de 1,7%/an on assiste à une baisse significative des émissions de gaz à effet de serre de la Belgique qui, entre 1990 et 2017, ont reculé de 21%.

Tout indique que, malgré les mesures volontaristes qui sont intégrées dans le Projet du Plan National intégré Énergie Climat Belge 2021-2030, les progrès seront moindres d’ici à 2030. Au total, si toutes les conditions sont réunies, les émissions totales de la Belgique devraient se situer aux alentours de 103 Mt en 2030, soit 29% de moins qu’en 2005. J’avoue, ceci dit, avoir des questions sur la possibilité d’atteindre réellement certains objectifs dits volontaristes.

A supposer que l’on réussisse l’ambition affichée pour 2030, il resterait encore à accomplir une réduction des émissions de gaz à effet de serre de la Belgique de l’ordre de 96 Mt entre 2030 et 2050, soit -4,8 Mt par an, contre -2,0 Mt par an entre 1996 et 2017. Tout est possible, bien sûr, mais difficile d’imaginer qu’on y arrivera sans interroger le rythme de la croissance économique ou en tout cas les modes de vie qui soutiennent l’activité économique et sa croissance.

Plus d’informations dans la note jointe.

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UITSTOOT VAN BROEIKASGASSEN EN ECONOMISCHE GROEI

In het licht van de huidige gebeurtenissen van de afgelopen jaren en de recente toename van het bewustzijn is het niet nodig om de opwarming van de aarde en de gevolgen daarvan te detailleren. De recente ontwikkelingen (waaronder de toename van de concentratie van broeikasgassen in de atmosfeer, die nu meer dan 500 ppm CO2-equivalent bedraagt) en de angst voor de gevolgen van de opwarming die ons te wachten staat, zijn nu goed gedocumenteerd.

In deze context heeft de recente IDD-analyse tot doel de omvang van de uitdaging te benadrukken, gezien de ontoereikende vooruitgang bij het loskoppelen van broeikasgasemissies en economische groei.

De sinds 1970 wereldwijd waargenomen ontkoppeling is spectaculair. Elke eenheid van het wereld BBP produceert nu 60% minder broeikasgassen dan in 1970.

Aangezien de wereldeconomie in dezelfde periode echter sterk is gegroeid – gemiddeld 3,5%/jaar – is de waargenomen ontkoppeling onvoldoende om de uitstoot van broeikasgassen te verminderen; integendeel, de uitstoot van broeikasgassen is juist toegenomen (X 2 sinds 1970).

De berekening is zeker riskant, maar leerzaam: ervan uitgaande dat de ontkoppelingstendens van de afgelopen jaren zich voortzet, moet de wereldwijde economische groei worden beperkt tot minder dan 2%/jaar om eerst de verbrandingsgerelateerde CO2-uitstoot te stabiliseren en vervolgens een zeer langzame daling te beginnen, ver van wat nodig is om de temperatuurstijging onder 1,5° te houden.

Aangenomen mag worden dat de toename van de CO2-uitstoot deels te wijten is aan de stabiliteit van de mondiale energie koopkracht op lange termijn: energie is nu net zo goedkoop als voor de eerste oliecrisis.

Hoe zit het met België? De afname van de broeikasgasemissie-intensiteit per eenheid van het BBP (= ontkoppeling) is ook zeer significant, aangezien deze tussen 1990 en 2017 met 50% is gedaald. Rekening houdend met een gemiddelde groei over de beschouwde periode van iets meer dan 1,7%/jaar, is de Belgische uitstoot van broeikasgassen aanzienlijk gedaald, namelijk met 21% tussen 1990 en 2017.

Alles wijst erop dat, ondanks de proactieve maatregelen die geïntegreerd zijn in het Ontwerp van Belgisch geïntegreerd Nationaal Energie- en Klimaatplan 2021-2030, de vooruitgang tegen 2030 minder zal zijn. Als aan alle voorwaarden is voldaan, zal de totale Belgische uitstoot in 2030 naar verwachting ongeveer 103 Mt bedragen, wat 29% lager is dan in 2005. Maar ik moet echter bekennen dat ik vragen heb over de rëelle gevolgen van enkele proactieve maatregelen.

Ervan uitgaande dat de ambitie voor 2030 wordt gehaald, zou de Belgische uitstoot van broeikasgassen tussen 2030 en 2050 nog steeds met 96 Mt moeten worden verminderd, of -4,8 Mt per jaar, vergeleken met -2,0 Mt per jaar tussen 1996 en 2017. Alles is natuurlijk mogelijk, maar het is moeilijk voor te stellen dat we zullen slagen zonder zonder dat we onszelf vragen stellen over het tempo van de economische groei of in ieder geval over de levensstijlen die de economische activiteit en haar groei ondersteunen.

Meer informatie vindt u in de bijgevoegde nota.

Il a vraiment augmenté le pouvoir d’achat ? « Non, peut-être »

dimanche, janvier 6th, 2019

(TEKST IN HET NEDERLANDS HIERONDER)

Entre 2000 et 2017, le nombre de voyages en avion pour des vacances d’au moins 4 jours a été multiplié par deux, soit une augmentation de 100% ou 4,1% par an !

C’est un des nombreux indicateurs qui justifient qu’on puisse parler d’une extension, qualitative et quantitative, de la consommation depuis la fin du siècle passé.

En témoignent aussi les évolutions suivantes :

  • entre 2000 et 2016 le parc automobile total a augmenté de 20% et le nombre moyen de véhicules par ménage propriétaire de 15%
  • entre 2000 et 2016 le pourcentage de ménages propriétaires d’au moins un GSM est passé de 45% à 98%
  • entre 2000 et 2018, la proportion des ménages avec un accès à internet est passé de 23% à 87%
  • entre 2011 et 2018 le pourcentage de particuliers utilisant un téléphone mobile (ou smartphone) pour accéder à l’internet est passé de 17% à 69%
  • entre 2000 et 2017, le nombre de séjours touristiques de 1 à 3 nuits a augmenté de 67% (+142% pour les séjours hors Belgique) tandis que le nombre de séjours de 4 nuits et plus augmentait lui de 30% (+ 47% hors Belgique)
  • entre 2000 et 2016 la proportion de ménages équipés d’un lave-vaisselle a progressé de 41% à 62%
  • (d’autres évolutions encore dans la note jointe).

L’apparition et la diffusion de nouveaux produits/comportements doivent être mises en perspective. Voici quelques clés de lecture :

  • Certaines consommations se substituent partiellement ou totalement à d’autres. C’est certainement le cas, par exemple, d’une messagerie électronique qui se substitue à l’achat d’enveloppes et de timbres ou du GPS qui peut remplacer des cartes routières et des guides touristiques. Des panneaux photovoltaïques permettent des économies sur la facture d’électricité.
  • Mais dans de nombreuses configurations de comportements, il s’agit de consommations additionnelles. Typiquement une TV avec un abonnement classique type Proximus ou Voo combiné avec un abonnement de vidéo à la demande type Netflix. Une ligne téléphonique fixe avec un portable/smartphone. Une voiture et un vélo électrique. Des guides touristiques papier avec un GPS. Des livres papier et des livres électroniques. Un percolateur avec une machine à café avec dosettes/pads. Une machine à laver avec un séchoir. Un ordinateur avec un ordinateur portable et/ou une tablette et/ou un smartphone.
  • L’addition de consommations peut répondre à des logiques et dynamiques différentes : la force de l’habitude peut-être dans certains cas (pour le téléphone fixe ou le percolateur?), les ventes « forcées » (par exemple le GPS ou le conditionnement d’air livrés avec la voiture), le confort et la facilité (c’est en tout cas des avantages qu’y voient les consommateurs concernés ; typiquement le telebanking ou l’e-commerce), des besoins différenciés ou qui se différencient (regarder des films, lire ou écouter des musiques en fonction des lieux ou moments, utiliser différents modes de transport en fonction des distances ou des conditions climatiques), des baisses de prix (vols aériens par exemple) qui permettent l’accès de produits à de nouveaux consommateurs ou l’intensification de leur consommation pour ceux qui  les consommaient déjà, et l’addition de « nouvelles expériences », à savoir des consommations qui ajoutent quelque chose de (vraiment?) neuf, comme par exemple la recherche d’informations sur le web.

Ceci posé, un malaise est souvent exprimé à propos de l’évolution du pouvoir d’achat, malaise qu’on peut résumer par le quasi universel « j’ai de moins en moins dans mon caddie » (qu’avant, pour 100 euros, etc.). Ce malaise peut s’expliquer par les raisons suivantes :

  • les parcours individuels (perte d’un emploi par exemple) génèrent des situations de baisse de niveau de vie très marquée ; les diminutions de niveau de vie marquent plus que les augmentations ; les fluctuations individuelles peuvent donc s’éloigner de la tendance moyenne ;
  • une part croissante des dépenses est contrainte ou vécue comme telle ; on pense en particulier aux dépenses qui tombent tous les mois, le plus souvent via des ordres permanents (loyer ou remboursement hypothécaire, mensualités diverses, dépenses scolaires, abonnements…) ;
  • un effet d’habituation : une fois intégrés (et cela va très vite) un nouveau produit et les nouveaux comportements qui vont avec sont considérés comme une consommation « allant de soi » ; il en va de même pour l’intensification de certaines consommations (partir deux fois en vacances plutôt qu’une fois) ; les couches de consommations s’accumulent, faisant en permanence pression sur le budget disponible ;
  • l’envie d’accéder à des consommations auxquelles on n’a pas encore d’accès, voire auxquelles il est peu probable d’avoir accès un jour, est stimulée par la diffusion de ces consommations, qui au départ en tout cas sont des consommations positionnelles, et l’exposition permanente à des médias qui les évoquent, directement ou indirectement ; pouvoir d’achat et vouloir d’achat(s) ce n’est pas la même chose ; on peut avoir besoin de se changer l’esprit et de vivre une nouvelle expérience mais envie de le rencontrer par un voyage lointain ; on peut éprouver un sentiment de déprivation parce que les réalités sont en-deçà des attentes, des espoirs ; les réseaux sociaux peuvent avoir accentué la pression née de la comparaison avec d’autres ;
  • ce sont les dépenses régulières qui ont vu leur prix augmenter le plus depuis une vingtaine d’années ; le consommateur n’a pas une longue mémoire ; il se souvient peu de l’avant et donc de la faible augmentation, voire de la diminution, des prix de l’habillement, de l’électroménager, des communications téléphoniques ;
  • dans la foulée de cette observation, on peut aussi émettre l’hypothèse que l’augmentation de l’offre dans des consommations non essentielles ou moins essentielles que le logement, la nourriture de base… conduise à estimer que ces dépenses contraintes sont encore trop lourdes et pèsent sur l’accessibilité financière à ces nouvelles possibilités ;
  • le maintien d’un niveau de vie ou la volonté d’étendre son périmètre de consommation peut conduire à diminuer ou à réduire à rien l’épargne ; cette dimension est trop souvent négligée dans les débats ; ceci peut générer du stress quand survient un accident ou générer un fond d’inquiétude permanent ;
  • surtout dans les classes moyennes, et par percolation dans une partie des ménages moins nantis, prennent une place croissante des dépenses liées à la préparation des enfants pour leur assurer succès et réussite, ou en tout cas l’envie de telles dépenses, le tout dans un contexte où l’éducation est plus compétitive et où les activités que l’on fait faire à ses enfants peuvent aussi être des biens positionnels ;
  • enfin, il est évident que de nombreux ménages se débattent avec des budgets à ce point étriqués qu’ils conduisent à des choix impossibles, à des frustrations compréhensibles certainement, légitimes pour beaucoup, et à une participation sociétale insuffisante.

Il faut aller plus loin encore dans l’analyse. Outre la question philosophique bien connue et bien travaillée – tout ceci nous rend-t-il heureux ? – il y a évidemment des liens entre les évolutions des consommations décrites ci-dessus et le défi de la grande transition énergétique qui devrait nous mobiliser plus et se traduire par un effort sociétal plus massif que celui consenti à ce jour. Ma conviction est aujourd’hui qu’une partie de cet effort passera par des moindres consommations, au moins transitoirement. A cet égard, la nature de certaines consommations nouvelles – qui stimulent un peu plus encore un sentiment de toute puissance : toujours plus, plus loin, plus vite – et l’empreinte écologique d’autres comportements – notablement l’explosion des voyages aériens auxquels personne n’ose toucher – ne me rendent pas particulièrement optimiste.

Plus de données et d’analyses dans la note jointe.

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Is de koopkracht echt toegenomen ?

Tussen 2000 en 2017 is het aantal vluchten voor vakanties van minstens 4 dagen verdubbeld, een stijging van 100% of 4,1% per jaar!

Dit is een van de vele indicatoren die een kwalitatieve en kwantitatieve uitbreiding van de consumptie sinds het einde van de vorige eeuw rechtvaardigen.

Dit komt ook tot uiting in de volgende ontwikkelingen:

  • tussen 2000 en 2016 is het totale wagenpark met 20% toegenomen en het gemiddelde aantal voertuigen per eigenaarshuishouden met 15%.
  • tussen 2000 en 2016 is het percentage huishoudens met ten minste één mobiele telefoon gestegen van 45% naar 98%.
  • tussen 2000 en 2018 is het aandeel van de huishoudens met internettoegang gestegen van 23% tot 87%.
  • tussen 2011 en 2018 is het percentage personen dat een mobiele telefoon (of smartphone) gebruikt om toegang te krijgen tot het internet gestegen van 17% naar 69%.
  • tussen 2000 en 2017 is het aantal toeristische verblijven van 1 tot 3 nachten met 67% gestegen (+142% voor verblijven buiten België) terwijl het aantal verblijven van 4 nachten of meer met 30% is gestegen (+47% buiten België)
  • tussen 2000 en 2016 is het aandeel huishoudens met een afwasmachine gestegen van 41% tot 62%.
  • (andere voorbeelden in de bijgevoegde nota).

Hier zij enkele sleutels om de verspreiding van nieuwe producten/gedragingen te lezen:

  • Sommige consumpties vervangen andere geheel of gedeeltelijk. Dit is bijvoorbeeld het geval voor een mailsysteem dat de aankoop van enveloppen en postzegels vervangt of GPS dat wegenkaarten en toeristische gidsen kan vervangen. Met fotovoltaïsche panelen kan op de elektriciteitsrekening worden bespaard.
  • Maar in veel gedragsconfiguraties zijn dit extra verbruiken. Typisch een TV met een klassiek abonnement zoals Proximus of Voo in combinatie met een video-on-demand abonnement zoals Netflix. Een vaste telefoonlijn met een mobiele/smartphone. Een auto en een elektrische fiets. Papieren toeristische gidsen met GPS. Papier en elektronische boeken. Een percolator met een koffiezetapparaat met pads. Een wasmachine met een droger. Een computer met laptop en/of tablet en/of smartphone.
  • De toevoeging van consumpties kan inspelen op verschillende logica en dynamiek: de kracht van gewoonte in sommige gevallen (voor de vaste telefoon of de percolator?), « gedwongen » verkoop (bv. GPS of airco geleverd met de auto), comfort en gemak (tenminste dat zijn de voordelen die de betrokken consumenten erin zien : typisch telebankieren of e-commerce), gedifferentieerde behoeften (kijken naar films, lezen of naar muziek luisteren naar gelang van de plaats of het tijdstip, gebruik makend van verschillende vervoerswijzen naargelang van de afstand of de klimatologische omstandigheden), prijsverlagingen (bijvoorbeeld vliegreizen) die de toegang tot nieuwe consumenten of de intensivering van hun verbruik mogelijk maken voor degenen die ze al consumeerden, en de toevoeging van « nieuwe ervaringen », d.w.z. consumpties die iets toevoegen, zoals het zoeken naar informatie op het web.

Dit gezegd zijnde, wordt er vaak een onbehagen geuit over de ontwikkeling van de koopkracht ; dit ongemak kan verklaard worden door de volgende redenen:

  • individuele trajecten (bijvoorbeeld verlies van werkgelegenheid) kunnen afwijken van de gemiddelde trend;
  • een groeiend deel van de uitgaven wordt beperkt of als zodanig ervaren; we denken in het bijzonder aan uitgaven die elke maand dalen, meestal via doorlopende opdrachten (huur- of hypotheekaflossing, diverse maandelijkse betalingen, schoolkosten, abonnementen….) ;
  • een gewoonte effect: zodra een nieuw product is geïntegreerd (en dit gaat heel snel) en de nieuwe gedragingen die ermee gepaard gaan, worden beschouwd als « vanzelfsprekende » consumptie; hetzelfde geldt voor de intensivering van bepaalde consumptie (twee keer op vakantie gaan in plaats van een keer) ; de lagen van consumptie accumuleren, waardoor het beschikbare budget voortdurend onder druk komt te staan ;
  • de wens om toegang te krijgen tot consumpties waartoe we nog geen toegang hebben of waartoe het onwaarschijnlijk is dat het ooit toegang zal hebben, wordt gestimuleerd door de verspreiding van deze consumpties en wat de verschillende media ervan zeggen of tonen ; sociale netwerken kunnen de druk van vergelijking met anderen hebben vergroot ;
  • het zijn de regelmatige uitgaven die de afgelopen twintig jaar het meest zijn gestegen; de consument heeft geen lang geheugen; hij heeft weinig herinneringen aan het verleden en dus aan de lichte stijging of zelfs daling van de prijzen van kleding, huishoudapparaten en telefoongesprekken ;
  • de hypothese kan ook worden gesteld dat de toename van het aanbod van niet-essentiële of minder essentiële consumptie dan van huisvesting, basisvoedingsmiddelen…. tot de conclusie leidt dat deze uitgaven nog steeds te hoog zijn en wegen op de financiële toegankelijkheid van deze nieuwe mogelijkheden ;
  • het behoud van een levensstandaard of de wens om de omvang van de consumptie uit te breiden kan leiden tot een vermindering van de besparingen ; deze dimensie wordt te vaak verwaarloosd in debatten ; dit kan stress veroorzaken wanneer zich een ongeval voordoet of een permanente reden tot bezorgdheid geven ;
  • vooral in de middenklasse, en door percolatie in sommige minder welgestelde gezinnen, een toenemende plaats in te nemen van de uitgaven in verband met de voorbereiding van kinderen om hun succes te verzekeren, of althans de wens om dergelijke uitgaven te doen, dit alles in een context waar het onderwijs concurrerender is en waar de activiteiten die men kinderen maakt ook positionele goederen kunnen zijn;
  • tot slot is het duidelijk dat veel huishoudens worstelen met zulke krappe budgetten dat ze leiden tot onmogelijke keuzes, begrijpelijke frustraties, zeker legitiem voor velen, en onvoldoende maatschappelijke participatie.

We moeten nog verder gaan in de analyse. Naast de bekende filosofische vraag – maakt dit alles ons gelukkig? – er zijn duidelijk verbanden tussen de hierboven beschreven veranderingen in het verbruik en de uitdaging van de grote energietransitie, die ons meer zou moeten mobiliseren en zou moeten leiden tot een grotere maatschappelijke inspanning dan tot nu toe. Mijn overtuiging vandaag is dat een deel van deze inspanning, althans tijdelijk, minder consumptie zal vergen. In dit opzicht maken de aard van sommige nieuwe consumpties – die een gevoel van almacht stimuleren : steeds verder, meer, sneller – en de ecologische voetafdruk van andere gedragingen – met name de explosie van het vliegverkeer die niemand durft aan te raken – mij niet bijzonder optimistisch.

Meer informatie is te vinden in de bijgevoegde nota.

Les prix de l’essence et du diesel entre 1970 et 2018

lundi, novembre 12th, 2018

(TEKST IN HET NEDERLANDS HIERONDER)

Les médias français ont récemment évoqué diverses initiatives populaires appelant à manifester contre la hausse des prix des carburants routiers et du diesel en particulier. Une initiative semblable semble se faire jour en Belgique.

Il est un fait que les prix des carburants routiers ont significativement augmenté en Belgique aussi au cours des derniers mois, en particulier le diesel ; le prix (maximum) du diesel a ainsi augmenté de 16% entre début novembre 2017 et début novembre 2018.

Dans ce contexte toujours sensible, tant les prix à la pompe sont durement ressentis quand ils sont à la hausse, la Brève n° 18 de l’Institut pour un Développement Durable essaye de visualiser et d’analyser l’évolution des prix des carburants depuis 1970, période qui se situa peu avant ce qu’il est convenu d’appeler le premier choc pétrolier.

Premier constat : le prix maximum du diesel a été multiplié par presque 13 entre début 1970 et fin 2018 ; le prix de l’essence de 98 n’a lui été multiplié « que » par 7.

Les prix des carburants routiers ont, sur le long terme, évolué plus vite que l’indice des prix. Mais quand on déflate (= « diviser ») les indices des prix des carburants par l’indice général pour obtenir ce qu’on appelle les évolutions « réelles », les évolutions en deviennent moins spectaculaires. C’est ainsi que le prix réel de l’essence est en 2018 à un niveau inférieur aux prix de la période entre 2004 et 2015 ; quant au prix réel du diesel il est de 10% inférieur au maximum historique observé en 2012.

Pour mettre en perspective l’évolution des prix des carburants il faut également tenir compte
1° de l’évolution des autres coûts d’utilisation des véhicules, qui évoluent sur une longue période moins vite que ceux des carburants
2° de l’évolution du prix d’achat des véhicules routiers
3° de l’évolution du revenu disponible.
Entre 1970 et 2018, le revenu disponible (à prix courants) moyen a augmenté plus vite que le coût moyen (achat + utilisation) des véhicules routiers.

Si en outre on tient compte de l’amélioration de l’efficacité énergétique des voitures (environ 30% sur le long terme?), on peut affirmer que, proportionnellement au revenu disponible, se déplacer en auto coûte moins cher aujourd’hui qu’au début des années 70.

Mais on peut aussi comprendre que cette observation ne sera pas audible par ceux qui sont surtout influencés par les hausses à court terme des prix des carburants routiers – le consommateur a une mémoire défaillante pour ce qui est d’un passé plus ou moins distant – et ne satisfera pas ceux qui, avec de faibles revenus, assument difficilement les hausses récentes des prix de l’essence et du diesel alors même qu’ils ne peuvent pas se passer de la voiture pour des raisons professionnelles.

Les constats de cette Brève doivent être intégrés dans la mise en Å“uvre de la nécessaire transition écologique si on veut rencontrer à la fois des objectifs environnementaux et des préoccupations d’un partage plus juste du pouvoir d’achat.

Plus d’informations dans la note et l’annexe jointes.

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Benzine- en dieselprijzen tussen 1970 en 2018

De Franse media berichtten onlangs over diverse populaire initiatieven waarin werd opgeroepen tot demonstraties tegen de stijging van de brandstofprijzen en met name van de dieselprijs. Een gelijkaardig initiatief lijkt zich in België te ontwikkelen.

Het is een feit dat de prijzen van brandstoffen voor het wegvervoer in België de laatste maanden ook aanzienlijk zijn gestegen, met name van diesel; de (maximum)prijs van diesel is dus met 16% gestegen tussen begin november 2017 en begin november 2018.

In deze context, die altijd gevoelig ligt wanneer de prijzen aan de pomp sterk stijgen, probeert de « Brève n° 18 » van het Instituut voor Duurzame Ontwikkeling de evolutie van de brandstofprijzen sinds 1970, een periode die kort voor de zogenaamde eerste oliecrisis plaatsvond, te visualiseren en te analyseren.

Eerste vaststelling: de maximumprijs van diesel is tussen begin 1970 en eind 2018 bijna 13 keer zo hoog geworden; de prijs van benzine werd in 1998 « slechts » met 7 vermenigvuldigd.

De prijzen van motorbrandstof zijn op de lange termijn sneller gestegen dan de prijsindex. Maar wanneer de brandstofprijsindexen worden gedeflateerd (= « gedeeld ») door de algemene index om zogenaamde « reële » ontwikkelingen te verkrijgen, worden de ontwikkelingen minder spectaculair. De reële prijs van benzine in 2018 is bevoorbeeld lager dan de prijzen van de periode tussen 2004 en 2015; de reële prijs van diesel ligt vandaag 10% lager dan het historische maximum in 2012.

Om de ontwikkeling van de brandstofprijzen in perspectief te plaatsen, moet ook rekening worden gehouden met
(1) de ontwikkeling van andere kosten van voertuigen, die zich over een lange periode en in een langzamer tempo ontwikkelen dan die van de brandstoffen
(2) de verandering in de aankoopprijs van wegvoertuigen
(3) de evolutie van het beschikbaar inkomen.

Tussen 1970 en 2018 is het gemiddelde beschikbaar inkomen sneller gestegen dan de gemiddelde kostprijs (aankoop + gebruik) van wegvoertuigen.

Als we ook rekening houden met de verbetering van de brandstofefficiëntie van auto’s (ongeveer 30% op lange termijn?), kunnen we stellen dat, in verhouding tot het beschikbaar inkomeninkomen, het reizen met de auto vandaag goedkoper is dan in het begin van de jaren 1970.

Maar het is ook begrijpelijk dat deze constatering niet hoorbaar zal zijn voor degenen die voornamelijk beïnvloed worden door de kortetermijnstijgingen van de brandstofprijzen op de weg – de consument heeft een slecht geheugen van een min of meer ver verleden – en niet zal voldoen aan degenen die, met lage inkomens, moeite hebben om de recente stijgingen van de benzine- en dieselprijzen op te vangen, ook al kunnen ze om professionele redenen niet zonder de auto.

De bevindingen van deze briefing moeten worden geïntegreerd in de uitvoering van de noodzakelijke ecologische transitie als we zowel de milieudoelstellingen als de zorg voor een eerlijker verdeling van de koopkracht willen realiseren.

Meer informatie vindt u in de bijgevoegde nota.

Le marché du travail sous Michel Ier : tout n’a pas été dit

lundi, juillet 9th, 2018

La publication par l’ONSS, ce 2 juillet 2018, des statistiques d’emploi avancées pour le 1er trimestre 2018 est l’occasion, pour l’Institut pour un Développement Durable, de revenir sur les polémiques plus ou moins documentées concernant la création d’emplois sous le gouvernement Michel Ier, tout en essayant d’apporter des éléments nouveaux au débat.

Rappelons d’abord les principales évolutions : L’emploi intérieur a augmenté de 176.000 unités entre fin 2014 et début 2018, dont 138.000 salariés et 37.000 indépendants. Le secteur privé a assuré plus de 90% de l’augmentation de l’emploi salarié.

Ce bilan est souvent « attaqué » sur base de deux arguments : il s’agit (majoritairement) de créations nettes d’emplois à temps partiel et/ou n’assurant pas une insertion durable. Cette argumentation est confortée par les évolutions connues :

en matière de temps partiel :

L’emploi à temps partiel représente, sur base des données ONSS, 64,2% des créations d’emplois entre 2014 et 2018, si on assimile les emplois saisonniers, intérimaires et travail occasionnel à du temps partiel. Les données de l’Enquête sur les forces de travail donnent des évolutions semblables.

Trois bémols importants cependant nuançant les critiques habituelles :
– Sur base des données ONSS on constate qu’un peu plus d’un tiers de l’augmentation du nombre de salarié.e.s à temps partiel est attribuable au secteur public (on peut supposer que le secteur de l’enseignement contribue significativement à cette hausse).
– L’importance relative des emplois à temps partiel dans la création d’emplois tend à se réduire depuis le début de la législature ; 46% des emplois temporaires créés entre la fin de 2014 et le début de 2018 l’ont été pendant la seule année 2015.
– Le temps de travail moyen des salarié.e.s qui travaillent à temps partiel continue d’augmenter ; aujourd’hui les travailleurs à temps partiel prestent en moyenne un 2/3 temps.

Notons encore que les motifs du temps partiel donnés par les personnes concernées ont peu varié entre 2014 et 2017 ; même si les réponses sont parfois difficiles à interpréter, on peut estimer que pour la majorité le temps partiel n’est pas souhaité ou qu’un emploi à temps plein n’est pas possible.

en matière d’emplois précaires/temporaires :

L’emploi temporaire – tel que défini par l’ONSS – a augmenté de 21% entre fin 2014 et début 2018. Les données de l’Enquête sur les forces de travail indiquent également une hausse. Depuis 2017, plus de 10% des salarié.e.s ont un emploi temporaire.

Les données de l’Enquête sur les forces de travail indiquent encore que :
– Le pourcentage d’emplois temporaires est particulièrement élevé dans les secteurs HORECA (24%), Arts, spectacles et activités récréatives (23%) et Enseignement (18%).
РPr̬s de la moiti̩ (47%) des travailleurs de moins de 25 ans a un emploi temporaire.
– La part des contrats à durée déterminée dans l’emploi temporaire tend à diminuer quelque peu au profit de l’intérim, qui représente presque 1/4 de l’emploi temporaire (contre 48% pour l’emploi en CDD).

Pour ce qui est des évolutions sectorielles, on notera :
– Une quasi-stabilisation de l’emploi industriel alors que ce secteur a perdu 73.000 emplois entre 2008 et 2014.
– Environ 1/3 de l’augmentation de l’emploi est localisé dans des secteurs d’activités financés par les pouvoirs publics, à savoir les activités « Administration publique, défense, éducation, santé humaine et action sociale » (+ 51.500 emplois) et les « Titres-services » (+ 10.000 emplois).

Depuis 2008 le rapport emploi/PIB évolue plus favorablement. Autrement dit, un point de croissance économique génère aujourd’hui plus d’emplois qu’avant la crise de 2008.

On notera pour terminer que les petites entreprises, y compris donc les employeurs « personne physique », cÅ“ur de cible du gouvernement fédéral, ont, en termes absolu et relatif, peu créé d’emplois en net.

Enfin, le prix à payer est, faut-il le rappeler, une baisse du salaire horaire brut, même si elle a été compensée en partie par le tax-shift. Le salaire horaire moyen réel n’a pas encore retrouvé, en ce début 2018, son niveau de fin 2014. Sans saut d’index, toutes autres choses égales par ailleurs, le salaire horaire moyen aurait été à peine supérieur à celui de la fin 2014.

Ce qui est attribuable à la conjoncture et ce qui est attribuable aux mesures prises doit encore être déterminé, comme il faudrait pouvoir distinguer les évolutions structurelles des fluctuations liées à la conjoncture. Tout n’a donc pas encore été dit.

Plus de précisions dans la note jointe.

Révolution numérique : des données au service de l’intérêt général

mardi, mai 1st, 2018

Les politiques publiques n’ont pas encore pris la pleine mesure de la révolution numérique. C’est en particulier le cas pour ce qui est des données. Or, seule une politique ambitieuse de production et de circulation de données, du secteur public vers le secteur privé mais aussi du secteur privé vers des usages collectifs de l’information. Les données ne peuvent plus être considérées comme une propriété strictement privée et leur qualité doit être contrôlée. Une telle politique, pro-active, de « données ouvertes » (open-data) peut soutenir la recherche dans des domaines clés comme la santé et la mobilité, venir en appui des choix publics, porter des activités économiques durables et assurer la concurrence quand elle est souhaitable, renforcer la démocratie, protéger les consommateurs et les citoyens. Certes, le couplage de banque de données, indispensable pour doper les retombées positives du big data, doit protéger la vie privée, mais il faut éviter une interprétation excessive des dispositifs légaux de protection des données personnelles.

La collecte, le traitement et l’utilisation de données à des fins commerciales ou autres (recherche, action publique…) ne datent pas d’hier. Les enjeux des données ne sont donc pas neufs :

  1. Qui produit de l’information et dans quels buts ?
  2. Quelle place des acteurs privés et quelle place des acteurs publics ?
  3. Où et comment les données sont-elles stockées ?
  4. Qui y a accès ? A quelles conditions et par quelles techniques ?

Est-ce à dire que la révolution numérique ne change pas grand-chose à ces questionnements ? Non, bien sûr, il y a trois évolutions majeures :

  1. Le traitement d’informations par des dispositifs d’intelligence artificielle (IA), qui génère des questions spécifiques.
  2. Les quantités énormes de données produites, qu’il faut contrôler, stocker, gérer et exploiter.
  3. L’ampleur et le détail de données « personnelles ».

Dans ce contexte, en pleine évolution, la note de l’Institut pour un Développement Durable vise à éclairer cinq catégories d’enjeux liés aux données à l’ère du numérique :

  1. le contrôle (de la qualité et de la pertinence) des données
  2. la qualité/justesse des informations contenues dans les banques de données et de celles qui en découlent
  3. l’accès à l’information
  4. la numérisation de données qui ne le sont pas
  5. quelques autres enjeux.

La note de l’IDD conclut l’analyse avec quelques pistes d’action (point 6).

1. Le contrôle (de la qualité et de la pertinence) des données, notamment de celles injectées dans des dispositifs d’IA basés sur l’apprentissage profond, et des résultats qui en découlent

Par définition, ce qui sort comme analyses ou impulsions d’un dispositif d’IA basé sur l’apprentissage dépend étroitement des données qui sont injectées pour activer les réseaux de neurones. Tout utilisateur d’un tel dispositif devrait donc être en droit de connaître les données qui ont servi à alimenter le dispositif. L’exemple de la technologie de la reconnaissance faciale, parfois « orientée », illustre bien cet enjeu.

2. D’une manière générale se pose la question de la qualité/justesse des informations contenues dans les banques de données et de celles qui en découlent

Le contrôle de la qualité/justesse des données se pose d’une manière globale. La quantité d’informations rend difficile le contrôle de chaque donnée. Des altérations volontaires (ex : les logiciels truqués concernant les émissions de voitures, des manipulations comptables…) ou involontaires (erreurs de codage, différences de classements ou définitions…), sont possibles, compromettant dès lors les résultats issus du traitement de ces données.

Cette problématique n’est pas spécifique aux big data. Mais la grande taille des banque de données comme leur utilisation diffuse nécessitent de mettre en place des garde-fous spécifiques comme des techniques de repérage d’erreurs.

3. L’accès à l’information : pour une libre circulation des données, dans le respect de la vie privée

C’est pour moi le défi essentiel, parce que c’est la libre circulation des données  qui permettra de contrôler leur qualité, de lutter contre la constitution de monopoles ou oligopoles, de susciter et d’alimenter de nouvelles activités, de booster la recherche scientifique et industrielle, d’éclairer et d’orienter l’action publique. Les difficultés d’accès à l’information prennent de nombreuses formes :

  1. Les difficultés d’accès liées à la non-numérisation, non seulement d’archives passées mais aussi d’une partie de l’information produite aujourd’hui.
  2. Les difficultés d’accès liées aux manques de moyens des fournisseurs publics d’informations.
  3. Les difficultés d’accès liées à une interprétation trop stricte de la protection de la vie privée. Il doit être possible de développer des techniques protectrices, par exemple en intervenant à distance sur des données sans y avoir un accès direct.
  4. Les difficultés d’accès liées aux réticences des « propriétaires » de données, propriétaires commerciaux certes, ceux auxquels on pense le plus souvent,  mais aussi les propriétaires agissant dans le domaine du non marchand.
  5. La lenteur d’arrivée de certaines données les rend moins intéressantes une fois disponibles.
  6. Le non accès à des données privées mais d’intérêt général. Un exemple très parlant est celui de la non publication par des laboratoires de recherche de résultats négatifs ce qui entraîne, par exemple, le financement par d’autres acteurs privés et/ou publics de recherches dont on aurait pu savoir dès le début qu’il s’agissait d’impasses.
  7. D’une manière générale de nombreux domaines de recherche dépendent aujourd’hui de l’accès à des banques de données spécifiques (celles relatives à des recherches menées par d’autres ou des banques de données « généralistes » détenues par les GAFA, les banques, les détaillants, les assureurs, les mutuelles et beaucoup d’autres acteurs) mais plus encore de l’accès à des banques de données couplées. C’est notamment le cas en matière de santé.
  8. L’accès différencié de candidats ou partis à des données stratégiques (pour des raisons financières et/ou partisanes) risque de poser autant de problèmes démocratiques que l’inégal accès à des ressources financières.
  9. De même l’accès difficile à des documents internes à l’administration ou aux cabinets ministériels est un frein à la vigueur démocratique. L’existence même de certains rapports n’est pas connue.
  10. L’action publique aussi a besoin d’informations détenues dans des banques de données privées. Les données collectées par UBER (ou entreprises équivalentes, y compris les sociétés de taxis) ou les opérateurs de téléphonie mobile peuvent être d’une grande utilité dans la définition et le suivi d’une politique de mobilité.
  11. La création de monopoles liée au non-accès aux données pour des « entrants » (potentiels) sur le marché. C’est ainsi que des start-up peuvent être limitées dans leur développement parce qu’elles n’ont pas accès aux données nécessaires pour « entraîner » leurs dispositifs d’IA.
  12. L’accès à des résultats de la mise en Å“uvre de dispositifs d’IA ou d’applications spécifiques est aussi un enjeu en matière de diffusion de l’information. C’est ainsi, par exemple, que les résultats de démarches d’IA effectuées sur des simulateurs de vol peuvent intéresser tous les acteurs de la sécurité aérienne.
  13. Le coût trop important d’accès à des revues scientifiques, parfois même à des articles basés sur des financements publics, est un frein pour la recherche, en tout cas pour les chercheurs/pays les plus pauvres et les experts indépendants.

C’est une véritable politique d’open-data proactive qu’il faut mettre en route. Les données ne peuvent plus être considérées comme une propriété strictement privée. Comme le souhaitent les économistes de l’Economic Prospective Club, « il convient de protéger l’usage qui est fait des données plutôt que les données en tant que telles. »

4. La numérisation de données qui ne le sont pas

De nombreuses données, en particulier de la responsabilité du secteur public, ne sont pas numérisées, souvent par manque d’ambition statistique. En tout état de cause une excuse facile – les données ne sont pas structurées rendant leur numérisation et leur organisation  impossibles ou trop coûteuses – ne tient plus la route : une des caractéristiques des outils d’IA est précisément de pouvoir lire et interpréter des données mêmes non structurées.

5. D’autres enjeux

J’en vois six principaux :

  1. Les problèmes liés au stockage des données.
  2. La formation d’un nombre suffisant de spécialistes des questions liées aux big-data.
  3. Le risque de lock-in socio-culturel lié aux « prescriptions » découlant de l’exploitation d’informations par des dispositifs d’IA. C’est ainsi que les « suggestions » proposées par des sites d’informations, commerciaux ou de vidéos à la demande risquent d’enfermer leurs utilisateurs et de les conforter dans leurs visions et leurs habitudes. Le cas de la justice dite prédictive est à cet égard tout aussi parlant. Elle doit être un outil d’aide à la décision, pas la décision.
  4. Les nombreux échecs ou en tout cas retards, explosion des coûts… liés à la mise en place de banques de données.
  5. La nécessaire réforme du droit d’auteur pour « permettre d’autoriser les pratiques de fouille de texte et de données (text and datamining) dans un objectif de compétitivité de la recherche publique. »
  6. L’intégration de données micro-économiques du big data dans l’analyse macro-économique et le suivi conjoncturel est encore à développer.

6. Pistes d’action

Il m’apparaît qu’il faut centrer l’action publique autour de cinq axes (en plus des politiques mises en place ou souhaitables en matière de protection des données personnelles et des politiques visant à diminuer l’empreinte écologique de la filière des données, politiques pas abordées dans cette note) :

  1. Développer une culture statistique, portant sur les données en général, big data bien sûr y compris, mais pas seulement.
  2. Susciter/encourager la production et la diffusion d’informations d’intérêt général.
  3. Activer les moyens nécessaires pour que des organisations belges (entreprises, pouvoirs publics, universités) puissent participer, ou continuer à la faire, à des activités, publiques et privées, générant des données dans des secteurs stratégiques (exploration spatiale, exploitation des océans, santé personnalisée, véhicules autonomes…). On notera à cet égard que les partenaires de telles collaborations seront de plus en plus des entreprises privées investissant stratégiquement dans des activités de récolte de données nouvelles dans l’espoir de se rendre incontournable dans le domaine d’activité choisi.
  4. Développer l’intégration d’informations (données et schémas comportementaux) issues de l’analyse du big data dans l’analyse macroéconomique et le suivi conjoncturel, notamment via le web scraping. D’une manière générale l’exploitation du big data, en particulier à une époque de déclin dans les taux de réponse aux enquêtes,  peut aider à comprendre, mieux qu’aujourd’hui, les évolutions des comportements susceptibles d’éclairer les choix politiques dans divers domaines d’action (logement, santé, mobilité…) des gouvernements.
  5. Développer la constitution de banques de données et leur exploitation. Voici, à titre exemplaire, quelques axes qui pourraient structurer une politique des données :
  • Dans le domaine de la santé, la constitution d’une banque de données portant sur les analyses de sang ; son couplage à d’autres banques de données relatives à la santé (en particulier les informations détenues par les mutuelles) devrait permettre, via des techniques d’IA, de tirer un maximum d’enseignements et d’orientations en matière de recherche.
  • Dans le domaine de l’enseignement, une banque de données, à constituer progressivement, reprenant depuis l’enseignement fondamental les parcours des élèves/étudiants, avec le plus de caractéristiques possibles pour mieux qu’aujourd’hui éclairer les choix politiques sensibles.
  • Dans le domaine de la mobilité, il faut forcer le couplage, via des techniques d’IA, de données issues d’opérateurs privés, de celles dont disposent les sociétés de transport, des flux mesurés localement (il faut ici stimuler les autorités locales pour les produire) et d’informations obtenues par web scraping.
  • Dans le domaine social, où les données détenues par la Banque Carrefour de la Sécurité Sociale constituent un excellent point de départ, la mise en perspective et l’analyse des parcours, grâce à l’exploitation d’autres données (formations initiales et au long de la carrière, interruptions de carrière, secteurs d’activité, mobilité géographique …), pourraient éclairer de nombreux débats concernant les politiques sur le marché du travail.
  • Enfin, dans le domaine social toujours, l’analyse fouillée des dossiers et décisions des CPAS dans le domaine des aides sociales devrait permettre de mieux comprendre les « logiques » à l’œuvre, leurs évolutions et leurs différences entre CPAS.

Plus d’analyses et d’illustrations dans la note jointe. Comme cette note propose de nombreuses illustrations, citations et notes de bas de page, le lecteur plus pressé trouvera une note allant à l’essentiel (Version courte).

M̩nages et Logements Р1995-2017 РBelgique, r̩gions et communes

jeudi, avril 26th, 2018

Le logement fera plus que probablement partie des thématiques qui seront débattues au cours des deux campagnes électorales à venir, les communales en octobre 2018 et les régionales en mai 2019. On doit l’espérer en tout cas au vu de la difficulté que ressent un nombre croissant de ménages à trouver un logement à un coût raisonnable (ou jugé comme tel en tout cas), que ce soit via l’acquisition ou la location.

La présente note vise à éclairer sur ce thème les décideurs concernés, les candidats motivés et les citoyens intéressés ; dans cette perspective cette note aborde deux grandes thématiques :

  • les évolutions respectives du nombre de logements et du nombre de ménages
  • les évolutions concernant les différents types de ménages.

Nombre de ménages et nombre de logements

En principe le nombre de logements est supérieur au nombre de ménages. L’écart positif recouvre trois situations différentes :

  1. les secondes résidences ; c’est ainsi que l’écart entre le nombre de logements et le nombre de ménages (résidents) est particulièrement élevé dans les communes de la côte flamande et certaines communes wallonnes comme Vresse-sur-Semois et Erezée ; il faut ajouter, plus récemment, les logements loués via Airbnb quand il n’y a pas de résidents permanents ;
  2. les vides frictionnels (logements en attente d’être vendus ou loués) ;
  3. les vides structurels, dans lesquels se trouvent notamment les logements dits abandonnés.

Ceci dit, la « justesse » de l’écart dépend de la qualité de la statistique des logements (Administration du Cadastre) et de celles relatives aux ménages (Registre national).

En ce qui concerne le Cadastre, deux sources d’erreurs sont possibles :

  1. Un manque de rapidité dans l’actualisation des données ; celui-ci concerne à la fois l’enregistrement des nouveaux logements et les suppressions de logements (par exemple par démolition).
  2. Le non repérage de logements créés sans permis (est surtout visée ici la division d’immeubles – typiquement des maisons dites de maître ou de grands logements familiaux – en plusieurs logements plus petits : kots, studios ou petits appartements).

En ce qui concerne le nombre, la nature et la taille des ménages plusieurs erreurs sont également possibles : personnes en ménage collectif (le plus souvent des maisons de repos et de soins) restées domiciliées à leur dernier domicile, personnes en co-location dont le changement de domicile n’est pas acté (typiquement : un jeune qui vit en co-location qui, par convenance, reste domicilié chez ses parents) et domiciliations fictives apparaissent comme les principales faiblesses des données socio-démographiques. A une période que je pense révolue on a aussi vu des communes retarder volontairement les mutations de domicile vers d’autres communes.

Globalement, la mise en place ou le renforcement au cours des dernières années des contrôles effectués principalement par les communes (par exemple au moment d’un changement d’adresse ou via les visites des agents de quartier) et/ou des organismes sociaux ont eu, à mon avis, un effet positif sur la qualité des données, socio-démographiques et cadastrales.

Voici les principales conclusions relatives aux évolutions respectives du nombre de logements et du nombre de ménages :

  1. Sur la période considérée (1995 > 2017) le nombre de logements a augmenté globalement plus vite que le nombre de ménages.
  2. En 2017, le rapport (ménages/logements) est (donc) le plus souvent inférieur, même si c’est parfois de peu, au pourcentage de 1995 ; 75% des communes sont dans ce cas.
  3. Chaque entité (région ou commune) présente néanmoins des caractéristiques propres, à la fois sur les dates d’inflexion de la tendance et l’intensité des tendances à la hausse ou à la baisse. Le tableau suivant illustre les différences entre régions.
  4. Pour certaines entités (Charleroi, Linkebeek, Namur, Saint-Josse, Tirlemont…) on observe un nombre de ménages supérieur au nombre de logements pendant tout ou partie de la période considérée. On constate cette situation au moins une fois au cours de la période 1995-2017 dans 91 communes (sur 589, soit 15,4%). La faible qualité des données saute ici aux yeux.

Nombre de ménages et nombre d’habitants par types de ménages

Idéalement, l’analyse de ce qui se passe sur les marchés immobiliers devrait pouvoir se baser sur une mise en perspective des évolutions du nombre de logements et de leurs caractéristiques et des évolutions socio-démographiques et socio-économiques des ménages. Mais on ne dispose pas des données ou en tout cas de toutes les données nécessaires et certainement pas au niveau local.

De ce qu’on sait (plus ou moins), deux phénomènes doivent être mis en évidence :

  1. L’accès au logement semble plus difficile pour les personnes seules et les familles monoparentales.
  2. Le pourcentage très élevé (70% en 2014-2016) de personnes vivant dans un logement sous-occupé. Ce pourcentage est plus élevé pour les personnes de plus de 65 ans versus celles qui ont moins de 65 ans et pour les propriétaires versus les locataires.

A défaut de pouvoir faire ce type d’analyses de manière plus détaillée et au niveau local, on peut à tout le moins décrire quelques évolutions relatives aux ménages.

La taille moyenne des ménages tend à se stabiliser en Flandre et en Wallonie, après une très longue période de baisse ininterrompue. Elle augmente par contre à Bruxelles. Elle est toujours plus faible dans les grandes villes flamandes et wallonnes par rapport à la moyenne régionale correspondante. La taille moyenne des ménages augmente dans les très grandes villes (Anvers – où la tendance à la hausse est particulièrement marquée –, Gand, Charleroi et Liège). Dans plus de la moitié des communes la taille moyenne des ménages est en 2017 supérieure à celle observée en 1995.

Dernière observation : les différences entre communes sont très importantes, comme le montre le tableau suivant.

Conclusions

Au niveau du diagnostic, des données rassemblées ici donnent à penser que les tensions sur le marché immobilier, au moins sur certains segments, sont en train de diminuer. Par ailleurs, au vu du nombre de logements sous-occupés, ne doit-on pas réfléchir au moins autant à des politiques visant à améliorer l’adéquation du logement aux besoins qu’aux politiques qui visent à augmenter le parc de logements.

La seconde conclusion concerne les institutions et niveaux de pouvoir compétents en matière de statistiques du logement. Si des efforts sont faits (notamment au travers d’enquêtes, dans les trois régions du pays), il manque des données fines disponibles au niveau local. Trois recommandations m’apparaissent essentielles :

  1. Exploiter les données sur les loyers dans les baux enregistrés. L’enregistrement obligatoire des baux doit être effectivement appliqué (trop de baux ne sont toujours pas enregistrés). Cet enregistrement doit, à l’avenir, être accompagné d’une brève description du logement. Ces données (hauteur du loyer et des charges éventuelles et, demain, des caractéristiques basiques du logement) pourront dès lors être exploitées systématiquement, localement et régionalement.
  2. Les statistiques du Cadastre doivent être améliorées (on se demande comment il est possible de lever un impôt équitable avec, dans certaines communes en tout cas, une sous-estimation manifeste du nombre de logements). Ceci implique une actualisation régulière et rapide des données cadastrales et, progressivement, l’enregistrement de données précédemment disponibles via les recensements, comme le nombre de pièces et la superficie habitable.
  3. Donner aux communes plus de moyens de repérer les vacances structurelles. Très concrètement il faudrait fournir d’initiative aux communes et CPAS les listes des logements pour lesquels les consommations d’eau et d’électricité sont jugées faibles.

Il appartient aussi à chaque décideur concerné, candidat motivé et citoyen intéressé de se saisir des données concernant sa commune. Il faut bien sûr commencer par analyser et vérifier les données concernant les logements et les ménages. Une confrontation systématique et dans la durée de ces deux séries d’informations doit permettre, progressivement, de mieux refléter la réalité locale et de la mieux connaître.

Le lecteur intéressé trouvera plus de données et d’analyses dans la note et les 3 annexes (Annexe 1, Annexe 2, Annexe 3).

Vers un même régime de pensions pour tous ?

vendredi, octobre 13th, 2017

Le texte de cette note est disponible ICI.

Bonne lecture.

 

Ph. Defeyt