« Indicateurs pour un Développement Durable » N°2006-2

Où va le commerce mondial ?
Ce numéro d’ « Indicateurs pour un Développement Durable » se penche sur l’évolution du commerce international, composante essentielle pour la croissance économique, mais aussi pour le développement durable.

Quelques conclusions importantes méritent d’être soulignées.

1. Entre 1950 et 2004, le commerce international de biens manufacturés a été multiplié par 50 ! C’est 7 fois plus que le PIB mondial, qui lui a été multiplié par 7,5 au cours de la même période. Les volumes commercés internationalement de produits agricoles (fois 6,5) et de combustibles et produits miniers (fois 9,2) ont augmenté de manière moins
spectaculaire. Les ̩volutions r̩centes (2000 Р2004) restent en phase avec ces tendances de long terme.

2. Derrière ce constat d’une croissance continue et homogène de l’activité commerciale mondiale, apparaissent en fait des évolutions très contrastées selon les régions du monde. Entre 1948 et 2004 :

  • La part des Etats-Unis dans les exportations mondiales passe de 21,7% à 9,2%. En 2004, ce pays absorbe à lui tout seul 16,5% des importations mondiales.
  • La part de l’Afrique dans les exportations diminue fortement, passant de 7 à 2,5% alors que sa population a quadruplé entre 1945 et 2004. Avec ses quelques 700 millions d’habitants elle pèse moins dans le commerce mondial que la Belgique qui, avec ses 10 millions d’habitants, contribue pour 3,5% des exportations dans le monde !
  • La comparaison entre l’Inde et les 6 dragons de l’Asie du Sud-Est n’est guère à l’avantage de la première. Sa part dans le commerce mondial ne cesse de diminuer malgré – ou à cause de ? – l’accroissement de sa population.
  • L’Europe demeure sans conteste la principale puissance commerciale du monde puisqu’elle est partie prenante dans 45% de toutes les transactions commerciales internationales.
  • Le choc pétrolier des années 70 se manifeste à la fois par une hausse de la part du commerce mondial représentée par le Moyen-Orient en 1983, et par une diminution conjoncturelle de celle assurée par les grandes puissances commerciales ( à l’exception du Japon).

Le commerce mondial ne pourra évidemment pas croître indéfiniment au rythme de 4% par an, ce qui signifierait un doublement en moins de 25 ans. On imagine sans peine l’impact d’une telle croissance sur le transport, et donc sur les émissions de gaz à effet de serre, pour ne parler que du problème le plus grave. On peut s’attendre à ce que le
renchérissement des prix pétroliers lui donne un sérieux coup de frein. Il ne faudrait pas, cependant, qu’elle fige en l’état une situation profondément inégalitaire. L’Afrique et l’Amérique du Sud, de même que la CEI, n’occupent pas dans les échanges commerciaux mondiaux la place que la taille de leur population, leur superficie et leur potentiel
devraient leur assurer. L’Europe et les Etats-Unis devront, notamment, ouvrir davantage leur marché aux productions agricoles étrangères et mettre un terme au subventionnement de leurs exportations agricoles.

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