L’emploi des peu qualifié.e.s en Wallonie

NB : Cette Brève reprend l’essentiel d’un exposé fait dans le cadre d’un webinaire organisé par l’Instance de bassin Emploi-Formation-Enseignement de Huy-Waremme et consacré au thème « Quelles perspectives d’emploi pour les publics peu qualifiés dans un monde post Covid? »

La Brève n°51 de l’Institut pour un Développement Durable explore la question des peu qualifié.e.s.

Elle examine diverses statistiques : pourcentage de peu qualifié.e.s dans la population totale, dans la population active, dans l’emploi et dans le chômage, propose des comparaisons interrégionales et examine plus en détail les secteurs économiques qui concentrent l’essentiel de l’emploi salarié des peu qualifié.e.s.

Quelques conclusions et orientations :

  • En matière de niveau d’éducation et de mise à l’emploi des personnes peu qualifiées, le bilan wallon n’est pas brillant ; comment peut-on encore avoir près de 20% des 30-34 ans qui ne sont pas allé.e.s plus loin que le secondaire inférieur ? ; comment le pourcentage des peu qualifié.e.s dans l’emploi total reste-t-il nettement inférieur à leur part dans la population ?
  • On ne peu plus se contenter de l’approximation « niveau d’études » pour analyser et améliorer l’insertion des peu qualifié.e.s.
  • Des développements statistiques sont nécessaires (ex : mieux connaître la répartition sectorielle de ceux/celles qui passent par l’intérim).
  • Les secteurs qui occupent des peu qualifié.e.s sont plus nombreux et diversifiés que ceux auxquels on pense le plus souvent, à savoir : commerce, nettoyage, restaurants pour l’essentiel.
  • Dans chaque secteur il y a des dynamiques à l’œuvre qu’il faut essayer d’anticiper ; illustration : les administrations publiques sont en Wallonie le plus gros employeur de peu qualifié.e.s ; or les règles d’embauche actuelles signifient, de facto, la fin à terme des emplois de peu qualifié.e.s dans ce secteur.
  • L’étude de ces dynamiques spécifiques doit s’appuyer sur : 1° les dynamiques d’âge (plus ou moins de sorties de l’emploi dans les années à venir) ; 2° les compétences professionnelles acquises en cours de carrière (ex : administration publique, construction…) ; la problématique des formations et acquis (éventuellement validés) des peu qualifié.e.s à l’emploi est peu documentée : des actions volontaristes sont ici nécessaires.
  • Que l’on passe par les Territoires Zéro Chômeurs de Longue Durée ou par des formules plus classiques (ex : subsides à l’emploi comme dans les titres-services), il n’y aura pas de free lunch si on veut améliorer le niveau de participation des peu qualifié.e.s ; solvabiliser certaines activités potentielles susceptibles d’accueillir des peu qualifié.e.s nécessitera des moyens budgétaires supplémentaires.
  • Mais, bonne nouvelle, il y a des perspectives stimulantes pour embaucher des peu qualifié.e.s : l’économie circulaire (en particulier dans la construction), la transition écologique, les aides logistiques aux personnes âgées, les activités de loisir-tourisme relocalisées, etc. Attention : les innovations technologiques sont aussi présentes dans ces activités (ex : tri des déchets, domotique chez les personnes âgées…).
  • Il ne faut pas non plus oublier les conditions de vie des peu qualifié.e.s. qui peuvent rendre leur pleine participation plus compliquée.
  • Ne faut-il pas développer plus de métiers « intermédiaires » pour augmenter les possibilités d’insertion ?
  • Les peu qualifié.e.s sont souvent mal payé.e.s ; leur pouvoir d’achat doit être amélioré ; deux formules : l’augmentation du salaire minimum (peu crédible dans les circonstances socio-économiques et politiques de l’heure) ou l’allègement de l’IPP ; mais les caractéristiques actuelles du précompte professionnel font que seule la voie de crédits d’impôts permettrait d’améliorer réellement le net de nombreux.ses peu qualifié.e.s.
  • Enfin, ne faut-il, comme le suggère Thierry Dock, plaider « Pour un abandon du principe d’inemployabilité » ?

Plus dans la note jointe.

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