Les agrocarburants suscitent de plus en plus de questions, notamment sur leur durabilité agricole (par exemple : la production des matières premières comme le maïs ou le blé nécessite beaucoup d’eau) ou leurs impacts sur la santé8. Leur impact sur l’alimentation mondiale élargit le questionnement aux aspects sociaux. Si certes les pauvres des pays moins développés risquent de payer cher la frénésie routière, chez eux comme chez nous, les ménages précaires dans nos pays verront leur existence quotidienne se compliquer encore. Les évidences s’accumulent : l’attrait croissant pour les agrocarburants actuels pousse / contribue à pousser à la hausse les cours des productions alimentaires. « Boire ou conduire »,« manger ou conduire », certains, en tout cas, paieront pour ceux qui ont et continueront à avoir les moyens de conduire. L’engouement pour les agrocarburants doit par conséquent être réévalué également à la lumière de considérations sociales. La baisse historique de la part des dépenses alimentaires dans la consommation des ménages
est derrière nous. Ce qui s’annonce c’est plutôt une hausse de cette part. Ceci dit, les prix agricoles étaient tombés trop bas pour assurer un revenu correct à de nombreux agriculteurs d’ici et d’ailleurs et une qualité de production écologiquement soutenable. Mais changer cet état de fait doit se faire en préservant les intérêts de tous et en protégeant
les personnes et ménages précaires, non par un développement débridé d’agrocarburants dont les débouchés sont assurés par la croissance de la mobilité.