Regarder dans le rétroviseur à l’aube d’une nouvelle décennie n’a rien de très original. Le faire sur une plus longue période l’est un peu plus.
C’est ce qu’a fait l’Institut pour un Développement Durable pour sa première contribution au débat public de l’année 2010.
Six variables macroéconomiques centrales ont été choisies et leur évolution traquée depuis 1970 : le revenu national par tête, l’emploi, les heures de travail (masse globale), le temps de travail moyen, le PIB et le chômage.
Il découle de cette analyse quelques surprises…
Si le revenu national par tête a plus que doublé depuis 1970, il est orienté à la baisse depuis 2007. La baisse cumulée depuis 2007 – 5% – est très largement supérieure aux autres reculs observés depuis 1970.
Cet indicateur devrait croître à nouveau en 2011. Mais il faudra deux à trois ans ans de bonne conjoncture simplement pour revenir au niveau de 2007 !
Ainsi illustrée, la crise paraît plus profonde et plus longue que quand on se sert du seul indicateur d’activité (le PIB).
Si le nombre d’emplois a augmenté de 17% environ depuis 1970, le nombre total d’heures de travail effectuées par cette force de travail est toujours inférieur à ce qui était observé en 1970 (5% en moins en 2010 par rapport à 1970).
Il découle logiquement de l’observation précédente que le temps de travail moyen, exprimé en heures de travail par an, a fortement diminué depuis 1970. Cependant, la quasi totalité de cette baisse a été acquise avant 1990 ; depuis lors, autre surprise, le temps de travail moyen n’a quasiment plus bougé malgré l’augmentation du travail a temps partiel !
Comme sur la même période on observe un plus que doublement de la production intérieure (telle que mesurée par le PIB), il est évident que le contenu en heures de travail de l’activité économique a fortement chuté (-60% environ entre 1970 et 2010). C’est donc – sur le long terme – la réduction tendancielle du temps de travail qui a permis de créer des emplois, non la croissance.
Les évolutions positives en matière d’emploi n’ont pas suffi pour contenir ce qui apparaît être une irrésistible montée du chômage. En effet, on observe sur la période 1970 – 2010 une augmentation de la population active d’environ 1.300.000 personnes alors que l’emploi disponible n’augmente que d’environ 650.000 unités, soit la moitié seulement de ce qu’il aurait fallu pour « occuper » tout le monde.
Le chômage est donc devenu structurel et tendanciellement croissant dès la fin des années 70.
Le nombre de chômeurs (définition Bureau fédéral du Plan) devrait en 2010 atteindre – avec plus de 750.000 unités – son maximum historique sur la période considérée. Le taux de chômage – 14,6% en 2010 – serait lui aussi à son maximum historique.
Surprise ? Pas vraiment, mais tout le monde a-t-il bien conscience de ce triste record ?
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Il ne rentre pas dans l’ambition de cette analyse de « faire des projections ». Trois commentaires néanmoins :
1) il semble que – par comparaison historique – on minimise l’ampleur de la « crise » ; il faudra, par exemple, au moins deux ans de bonne conjoncture à partir de 2010 pour que le revenu national par tête retrouve son niveau de 2007 ;
2)la stabilisation du contenu de la croissance en heures de travail observée au cours des dernières années – ce qui est positif pour l’emploi – pourrait ne pas durer ;
3)rien n’indique qu’une solution pourra être trouvée dans un délai socialement acceptable au chômage de masse qui est celui observé aujourd’hui.
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