Archive for mars, 2015

Le point sur les familles monoparentales

mardi, mars 31st, 2015

Dans le cadre de la lutte contre la pauvreté et la précarité, les familles monoparentales font l’objet d’une attention particulière, au niveau fédéral comme dans les régions. Cette attention se justifie amplement au vu des résultats des enquêtes sur la pauvreté.

Au vu de cette préoccupation, la dernière note de l’Institut pour un Développement Durable fait le point statistique sur les familles monoparentales.

Quelques données globales

Il y avait en Belgique au 1er janvier 2013 (nombres arrondis)

  • 465.000 familles monoparentales suivant la Banque Carrefour de la Sécurité Sociale (BCSS)
  • 465.600 suivant le Bureau fédéral du Plan
  • 724.500 enfants vivant dans une famille monoparentale suivant la BCSS
  • 725.200 suivant le Bureau fédéral du Plan.

Les observations sont fort proches ; c’est normal, elles partent toutes les deux du registre de la population.

Voici la répartition régionale. Bruxelles et la Wallonie sont surreprésentées dans les familles monoparentales relativement à leur population totale.

Des faits

  • Entre 1991 et 2014, le nombre de familles monoparentales a augmenté de 51%. La croissance du nombre de familles monoparentales marque une légère inflexion à partir de 2006-2007.
  • La proportion des familles monoparentales dans l’ensemble des familles passe d’un peu plus de 14% en 1991 à un peu plus de 25% en 2014.
  • La proportion des enfants de familles monoparentales dans le total des enfants passe de 14,5% à 22,1%.

Voici quelques indicateurs pour la Belgique et les trois régions.

  • Une représentation domine quand on évoque les familles monoparentales : une jeune femme avec de jeunes enfants. Certes, il y en a. Mais il y a des chefs de famille monoparentale à tous les âges. Près de 10% ont 65 ans ou plus, 3% 80 ans ou plus.
  • Les chefs de famille monoparentale sont en moyenne un peu plus âgés que les autres parents. C’est normal, puisque le plus souvent on devient chef de famille monoparentale (par séparation ou veuvage) après avoir vécu un certain temps avec quelqu’un.
  • Certes, les femmes dominent parmi les chef de famille monoparentale. Au total les femmes représentent 83% des chefs de famille monoparentale (87% à Bruxelles, 81% en Flandre, 83% en Wallonie). Mais la part des hommes augmente avec la catégorie d’âge, pour arriver à près de 30% pour les 60-64 ans.
  • Les familles monoparentales sont, on le sait, globalement moins bien loties en matière socioéconomique.
  • D’une manière générale, les chefs de famille monoparentale ont un taux d’activité et un taux d’emploi inférieurs à celui des autres parents.
  • Par rapport aux autres parents ils sont plus souvent au chômage (taux de chômage de respectivement 16,1% et 5,1%) et dépendent plus souvent du CPAS (pourcentage de bénéficiaires du revenu d’intégration sociale de respectivement 4,9% et 0,4%).
  • Notons encore que le taux de chômage et la proportion de bénéficiaires du revenu d’intégration sociale (RIS) des enfants de famille monoparentale sont également plus élevés que ceux des autres enfants. Mais les écarts sont moins grands.
  • De plus, les chefs de famille monoparentale salariés travaillent plus souvent à temps partiel que les autres parents salariés et que la moyenne de la population et ont des salaires en moyenne moins élevés.

* * *

La dernière étude lInstitut pour un Développement Durable propose une photographie de la situation, absolue et relative, des chefs de famille monoparentale. Elle confirme mais précise aussi des constats précédents. Tous les indicateurs socioéconomiques (taux d’emploi, proportion d’emplois à temps partiel, hauteur des salaires…) concourent à expliquer pourquoi le taux de pauvreté/précarité est plus élevé pour les familles monoparentales que pour le reste de la population.

Mais cela reste une description. Il faut aussi interpréter et comprendre les dynamiques à l’œuvre. Je vois au moins quatre séries de questions qui méritent des investigations approfondies :

  • Qu’est-ce explique fondamentalement le plus grand taux de pauvreté/précarité des familles monoparentales au-delà de l’évidente explication que vivre dans des ménages plus petits coûte évidemment proportionnellement plus cher ? Cette situation concerne-t-elle surtout des parents de (très) jeunes enfants (difficultés de concilier un travail avec la garde et les soins des enfants) ? Ou les personnes avec moins d’atouts en main (compétences, connaissances, expériences positives…) seraient-elles surreprésentées dans les chefs de famille monoparentale ?
  • Que deviennent ces différences sur la durée ? Des chefs de famille monoparentale s’en sortent-ils mieux une fois les enfants plus grands ou partis ? S’en sortent-ils mieux quand ils recomposent une famille ?
  • Ne faut-il pas distinguer plusieurs types de situations pour affiner l’analyse : les très jeunes chefs de famille monoparentale, les situations avec des « Tanguys », les chefs de famille monoparentale âgés avec un ou plusieurs enfant(s) âgé(s), etc., etc. ?
  • Quel est le devenir des enfants des familles monoparentales ? Est-il peu ou prou handicapé par les difficultés matérielles et autres rencontrées par beaucoup de familles monoparentales ?

Questions difficiles, mais auxquelles il faut avoir le courage de répondre.

Plus de données et explications dans la note jointe et l’annexe libre.

Les initiatives citoyennes de transition : significations et perspectives politiques

samedi, mars 14th, 2015

Le 1er avril se tiendra à Charleroi le « Forum de la Transition Solidaire ». Quelques 300 intervenants se réclamant de ou se reconnaissant dans la notion de transition écologique et solidaire échangeront leurs expériences et leur vision de la transition. Une cinquantaine d’initiatives citoyennes seront présentes, actives dans des secteurs aussi différents que l »agriculture et l’alimentation, le logement, l’énergie, es monnaies complémentaires, l’éducation.

Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site « www.transition21.be »

C’est l’occasion de s’interroger sur  la signification politique et sociologique de ces nouvelles initiatives citoyennes qui se réclament de la « transition écologique». En quoi des initiatives citoyennes comme  les «Villes en Transition», les AMAP, les quartiers durables et solidaires, les coopératives de production d’énergie, les Systèmes d’Echange Local,  les Groupes d’Achat Solidaires, les monnaies locales, etc., participent-elles malgré leurs différences (et au-delà du fait de s’en réclamer ou non) à une même transition? En quoi consiste leur potentiel de transformation et de quel type de transformation sont-elles porteuses ? Quelle est la portée et la signification politique et sociale de ces mouvements ?

Le texte ci-joint tente d’apporter quelques éléments de réponse à ces questions, ou, à tout le moins d’enclencher une réflexion qu’on espère la plus collective possible..

CPAS : une explosion du nombre de bénéficiaires et des dépenses – Évolutions régionales et nationales

mercredi, mars 11th, 2015

De combien vont augmenter les dépenses des CPAS en 2015 pour les Revenus d’intégration sociale (RIS) ? Quel est la part de ces dépenses supportée par les CPAS et donc les communes ? Les 3 régions sont-elles égales en matière de RIS ? Quels sont les dynamiques à l’oeuvre ? Ce sont là quelques-unes des questions auxquelles répond la dernière étude de l’Institut pour un Développement Durable.

Commençons par deux données (pour la Belgique) qui justifient  amplement le mot « explosion » : 

+ 21% du nombre de bénéficiaires du Revenu d’intégration sociale entre 2010 et 2015

+ 25% des dépenses RIS entre 2010 et 2015 (augmentation réelle, c’est-à-dire déduction faite de l’indexation).

Tout indique que ces estimations sont prudentes.

Cette explosion s’explique par

  • la précarisation croissante des personnes fragilisées dans notre société
  • l’augmentation du nombre de chômeurs sanctionnés par l’ONEM
  • l’arrivée dans les CPAS en 2015 des personnes qui perdent leur allocation d’insertion (ou ne l’obtiennent pas)
  • la double liaison au bien-être (2 fois 2%) des montants du RIS.

Les évolutions sont (fort) différentes d’une région à l’autre, comme le montrent les graphiques et tableaux suivants :

 

Pour la première fois depuis 2010, le nombre de bénéficiaires en Flandre passerait au-dessus du niveau de 2010. La situation en Wallonie est très inquiétante. Si les explications de l’explosion sont les mêmes qu’au niveau national, il faut souligner qu’elles sont amplifiées en Wallonie. C’est en particulier le cas du nombre de personnes qui perdent leur allocation d’insertion, puisque 2/3 d’entre elles environ vivent en Wallonie.

 

D’une manière générale, les déséquilibres régionaux sont manifestes en matière de RIS. C’est ainsi que la Wallonie accueillera en 2015 pratiquement la moitié du nombre total de bénéficiaires du RIS et des dépenses y relatives.

Même si l’Etat fédéral a, en 2014, augmenté les taux de remboursement des RIS, les CPAS wallons en particulier vont trinquer. En Wallonie il y aura en effet en une hausse de 11,3 millions (+8,8%) des dépenses à charge des CPAS, et donc des communes, entre 2014 et 2015. Dans le contexte budgétaire actuel, cette hausse risque de peser très lourd, sauf si, comme il l’a promis, le Fédéral assume ce surcoût lié à des décisions prises par lui.

Toute augmentation du nombre de fins de droits en allocation d’insertion augmentera les dépenses totales pour tout le pays de 8,14 millions par tranche de 1.000 bénéficiaires du RIS supplémentaires, dont 2,37 millions à charge des communes. Ces 2,37 millions se répartissent ainsi entre les régions :

  • Bruxelles : +0,38 millions

  • Flandre : + 0,27 millions

  • Wallonie : +1,72 millions.

Attention : dans le cadre de la promesse du gouvernement fédéral de compenser les dépenses supplémentaires à charge des communes liées aux nouvelles dispositions en matière d’allocations d’insertion, ce sont les dépenses additionnelles en 2015 qu’il faut prendre en considération, si non se serait reprendre d’une main ce qu’on a donné de l’autre.

Le gouvernement fédéral a, pour ce faire, réservé une enveloppe de 19,95 millions €. Sur base des calculs de l’Institut pour un Développement Durable, cette enveloppe sera épuisée dès lors qu’il y aura au moins 8.400 bénéficiaires du RIS suite à la perte de leur revenu d’intégration.

Je peux annoncer sans crainte de me tromper une fameuse bataille de chiffres quand il faudra appliquer concrètement la promesse du gouvernement.

Dernière remarque : les dépenses 2015 risquent encore d’être gonflées par :

  • une liaison de bien-être de 2% dont la date d’application n’est pas encore connue (ni peut-être décidée)
  • l’arrivée des premières personnes qui n’auront aucun droit à une allocation d’insertion parce que n’ayant pas terminé leurs études soit avant leur 20ième anniversaire, soit avant leur 24ième anniversaire
  • une augmentation des demandes pour un RIS cohabitant partiel pour tous ceux qui ont une allocation d’insertion cohabitant aujourd’hui ; en effet, il commence à être bien connu que certains de ces chômeurs ont droit, tout en continuant à toucher leur allocation de chômage, à un « complément » versé par le CPAS.

Plus de détails dans la note jointe et, pour les données, dans le fichier joint.

A votre disposition.

Bien à vous