Dans le cadre de la lutte contre la pauvreté et la précarité, les familles monoparentales font l’objet d’une attention particulière, au niveau fédéral comme dans les régions. Cette attention se justifie amplement au vu des résultats des enquêtes sur la pauvreté.
Au vu de cette préoccupation, la dernière note de l’Institut pour un Développement Durable fait le point statistique sur les familles monoparentales.
Quelques données globales
Il y avait en Belgique au 1er janvier 2013 (nombres arrondis)
- 465.000 familles monoparentales suivant la Banque Carrefour de la Sécurité Sociale (BCSS)
- 465.600 suivant le Bureau fédéral du Plan
- 724.500 enfants vivant dans une famille monoparentale suivant la BCSS
- 725.200 suivant le Bureau fédéral du Plan.
Les observations sont fort proches ; c’est normal, elles partent toutes les deux du registre de la population.
Voici la répartition régionale. Bruxelles et la Wallonie sont surreprésentées dans les familles monoparentales relativement à leur population totale.
Des faits
- Entre 1991 et 2014, le nombre de familles monoparentales a augmenté de 51%. La croissance du nombre de familles monoparentales marque une légère inflexion à partir de 2006-2007.
- La proportion des familles monoparentales dans l’ensemble des familles passe d’un peu plus de 14% en 1991 Ã un peu plus de 25% en 2014.
- La proportion des enfants de familles monoparentales dans le total des enfants passe de 14,5% Ã 22,1%.
Voici quelques indicateurs pour la Belgique et les trois régions.
- Une représentation domine quand on évoque les familles monoparentales : une jeune femme avec de jeunes enfants. Certes, il y en a. Mais il y a des chefs de famille monoparentale à tous les âges. Près de 10% ont 65 ans ou plus, 3% 80 ans ou plus.
- Les chefs de famille monoparentale sont en moyenne un peu plus âgés que les autres parents. C’est normal, puisque le plus souvent on devient chef de famille monoparentale (par séparation ou veuvage) après avoir vécu un certain temps avec quelqu’un.
- Certes, les femmes dominent parmi les chef de famille monoparentale. Au total les femmes représentent 83% des chefs de famille monoparentale (87% à Bruxelles, 81% en Flandre, 83% en Wallonie). Mais la part des hommes augmente avec la catégorie d’âge, pour arriver à près de 30% pour les 60-64 ans.
- Les familles monoparentales sont, on le sait, globalement moins bien loties en matière socioéconomique.
- D’une manière générale, les chefs de famille monoparentale ont un taux d’activité et un taux d’emploi inférieurs à celui des autres parents.
- Par rapport aux autres parents ils sont plus souvent au chômage (taux de chômage de respectivement 16,1% et 5,1%) et dépendent plus souvent du CPAS (pourcentage de bénéficiaires du revenu d’intégration sociale de respectivement 4,9% et 0,4%).
- Notons encore que le taux de chômage et la proportion de bénéficiaires du revenu d’intégration sociale (RIS) des enfants de famille monoparentale sont également plus élevés que ceux des autres enfants. Mais les écarts sont moins grands.
- De plus, les chefs de famille monoparentale salariés travaillent plus souvent à temps partiel que les autres parents salariés et que la moyenne de la population et ont des salaires en moyenne moins élevés.
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La dernière étude l‘Institut pour un Développement Durable propose une photographie de la situation, absolue et relative, des chefs de famille monoparentale. Elle confirme mais précise aussi des constats précédents. Tous les indicateurs socioéconomiques (taux d’emploi, proportion d’emplois à temps partiel, hauteur des salaires…) concourent à expliquer pourquoi le taux de pauvreté/précarité est plus élevé pour les familles monoparentales que pour le reste de la population.
Mais cela reste une description. Il faut aussi interpréter et comprendre les dynamiques à l’œuvre. Je vois au moins quatre séries de questions qui méritent des investigations approfondies :
- Qu’est-ce explique fondamentalement le plus grand taux de pauvreté/précarité des familles monoparentales au-delà de l’évidente explication que vivre dans des ménages plus petits coûte évidemment proportionnellement plus cher ? Cette situation concerne-t-elle surtout des parents de (très) jeunes enfants (difficultés de concilier un travail avec la garde et les soins des enfants) ? Ou les personnes avec moins d’atouts en main (compétences, connaissances, expériences positives…) seraient-elles surreprésentées dans les chefs de famille monoparentale ?
- Que deviennent ces différences sur la durée ? Des chefs de famille monoparentale s’en sortent-ils mieux une fois les enfants plus grands ou partis ? S’en sortent-ils mieux quand ils recomposent une famille ?
- Ne faut-il pas distinguer plusieurs types de situations pour affiner l’analyse : les très jeunes chefs de famille monoparentale, les situations avec des « Tanguys », les chefs de famille monoparentale âgés avec un ou plusieurs enfant(s) âgé(s), etc., etc. ?
- Quel est le devenir des enfants des familles monoparentales ? Est-il peu ou prou handicapé par les difficultés matérielles et autres rencontrées par beaucoup de familles monoparentales ?
Questions difficiles, mais auxquelles il faut avoir le courage de répondre.
Plus de données et explications dans la note jointe et l’annexe libre.